Le phénomène du coworking prend de l’ampleur au fil des années et impacte considérablement le marché de l’immobilier commercial. Les espaces de travail partagés séduisent un nombre croissant d’entreprises et d’indépendants en quête de flexibilité, de convivialité et d’économies. Quels sont les effets du coworking sur le marché immobilier commercial ? Comment les acteurs traditionnels s’adaptent-ils à cette nouvelle donne ? Analyse.
Le coworking, une tendance en forte croissance
Depuis une décennie, les espaces de coworking se multiplient à travers le monde. Selon une étude réalisée par JLL, la surface dédiée aux espaces de coworking dans les grandes villes européennes a été multipliée par 10 entre 2013 et 2018. La demande est tirée par la montée en puissance du travail indépendant et la volonté des grandes entreprises de rationaliser leur immobilier.
Cette tendance s’accélère avec la crise sanitaire qui a mis en évidence la nécessité pour les entreprises de repenser leurs modèles d’occupation des bureaux. L’essor du télétravail conduit ainsi à une demande accrue d’espaces flexibles permettant de réduire les coûts immobiliers tout en offrant un environnement de travail propice à la collaboration et à l’innovation.
Un impact multiple sur le marché immobilier commercial
Le développement du coworking bouleverse le marché de l’immobilier commercial à plusieurs égards. Tout d’abord, il entraîne une redistribution des surfaces occupées par les entreprises. Les espaces de coworking sont souvent implantés dans des immeubles existants, ce qui libère des surfaces auparavant dédiées à la location traditionnelle. Cette situation pousse les acteurs de l’immobilier à repenser leur offre pour satisfaire une demande en constante évolution.
Par ailleurs, le coworking modifie les attentes des utilisateurs en matière de qualité des espaces et de services proposés. Les travailleurs recherchent désormais des environnements flexibles, conviviaux et bien équipés, avec un accès facilité aux technologies et aux services annexes (restauration, salles de sport, etc.). Les acteurs traditionnels doivent donc adapter leur offre pour répondre à ces nouvelles exigences.
Enfin, le coworking contribue à la dynamisation des quartiers dans lesquels il s’implante. En favorisant l’émergence de nouveaux pôles économiques et la création d’écosystèmes d’innovation, il participe au renouveau urbain et attire de nouveaux utilisateurs. Ainsi, les espaces de coworking peuvent constituer un levier de valorisation pour les actifs immobiliers environnants.
L’adaptation des acteurs traditionnels
Face à ces bouleversements, les acteurs historiques du marché immobilier commercial cherchent à tirer leur épingle du jeu. Certains décident de se lancer dans l’aventure du coworking en créant leurs propres espaces et en s’associant avec des opérateurs spécialisés. C’est le cas, par exemple, de Bouygues Immobilier qui a lancé sa marque Nextdoor (devenue Wojo) en partenariat avec AccorHotels.
D’autres acteurs, comme BNP Paribas Real Estate, choisissent de développer des services dédiés aux espaces de coworking. Leur objectif est d’accompagner les entreprises dans leur recherche de solutions immobilières flexibles et sur mesure, et de les conseiller sur les meilleures opportunités d’implantation.
Enfin, certains professionnels s’appuient sur la tendance du coworking pour proposer des offres hybrides, combinant bureaux traditionnels et espaces partagés. Ces solutions permettent aux entreprises de bénéficier d’une plus grande souplesse tout en conservant une identité propre et un ancrage territorial.
Les défis à relever pour pérenniser le modèle
Si le coworking offre indéniablement de nouvelles perspectives pour le marché immobilier commercial, il doit encore faire face à plusieurs défis pour assurer sa pérennité. Le premier concerne la rentabilité des espaces de coworking, souvent mise à mal par des coûts d’exploitation élevés et une concurrence accrue. Les opérateurs doivent trouver le bon équilibre entre qualité des prestations, tarifs attractifs et maîtrise des charges.
Le deuxième défi est celui de la sécurité et de la confidentialité des données. Dans un contexte de travail partagé, il est crucial d’assurer la protection des informations sensibles et de garantir un environnement sécurisé pour les utilisateurs. Cela implique notamment de mettre en place des protocoles stricts en matière de cybersécurité et d’accès aux locaux.
Enfin, le coworking doit réussir à s’inscrire dans une démarche durable, tant sur le plan environnemental que social. Pour cela, les opérateurs sont appelés à mettre en œuvre des pratiques éco-responsables (gestion des déchets, économies d’énergie, etc.) et à favoriser la mixité sociale et professionnelle au sein de leurs espaces.
Au regard de ces enjeux, le coworking apparaît comme un véritable levier de transformation pour le marché immobilier commercial. Les acteurs traditionnels ont tout intérêt à saisir les opportunités offertes par cette tendance pour se réinventer et créer de nouvelles synergies entre les différents modes d’occupation des bureaux.